Monuments et portraits de Bayard

La plus ancienne représentation de Bayard parvenue jusqu'à nous est le portrait dit d'Uriage, d'auteur inconnu, retrouvé dans le château d'Uriage en 1866, acheté en 1930 et maintenant exposé au musée de l'Ancien évêché à Grenoble. Il porte le collier de l'ordre de St-Michel et représente sans doute le lieutenant général plutôt que l'homme de guerre. Il n'est pas barbu, bien que, dans les siècles suivants, il soit souvent représenté avec cet attribut (dont la mode ne date que de François Ier).

Le portrait d'Uriage
D'après Champier – dans ses Conclusions – Bayard étoit nerveux, fort de corps, droit chevalier, legier de sa personne. Pour Expilly, il était de haute stature, droite et grêle, d'un visage doux et gracieux, l'œil noir, le nez traitis, tirant sur l'acquilin ; il portait la barbe rase .... D'après Rivail : staturae erat Bayardus procerae, pallidus facie et oblonga, nasoque deducto, affabilis, humanus et liberalis sedatusque1. Ce sont à peu près les seules indications connues sur son aspect physique. Les nombreuses représentations de Bayard diffèrent notablement entre elles ; ce sujet a été discuté dans des publications auxquelles les images ci-après sont empruntées, dont :
- Bernard Le Masson, Bull. Acad. Delph., mai 1924.
- Bayard, Histoires croisées du Chevalier, par Stéphane Gal avec les Amis de Bayard, coll. la Pierre et l'écrit, PUG 2007.
- Les Amis de Bayard, lettre n° 30, novembre 2007.

En 1787-88, peu avant la Révolution, des nobles et des officiers s'étaient associés pour faire sculpter une statue de Bayard à Grenoble. Des fonds avaient même été collectés (cf. Clarisse Coulomb, dans Gal) ; le projet avait été confié par François-Henri de Virieu au sculpteur lyonnais Joseph Chinard.

Ce sculpteur avait alors réalisé un modèle en terre (ci-contre), visible actuellement au musée Vouland à Avignon. Il représente l'accolade entre Bayard et François Ier après l'adoubement.

Le projet avait été abandonné, sans doute à cause des troubles de 1788 (journée des Tuiles, assemblées de Vizille, de Romans...) et du changement de régime.

Ci-contre, la maquette de 1788

 


 


Sous la restauration, en 1822, le préfet d'Haussez a fait transférer dans l'église St-André des ossements recueillis dans la chapelle du couvent des Minimes à St-Martin-d'Hères, lieu de la sépulture de Bayard. Ce buste en marbre fait partie du monument élévé sur la nouvelle tombe. C'est une copie du buste du 16e siècle placé sur la tombe initiale du chevalier.
 
En 1823, une statue de Bayard sculptée par Raggi est érigée place St-André à Grenoble. L'avant-dernière descendante de Jeanne Terrail a assisté à la cérémonie.

  En juillet 1893, une statue de Bayard, sculptée par l'Ardennais Aristide Croizy, avait été érigée à Mézières (ville que Bayard a sauvée d'un siège en 1521). Cette statue en bronze, de près de 3 m. de haut, le représentait en armure avec un visage voisin de celui du portrait d'Uriage. Malheureusement, en 1917, les Allemands ont enlevé la statue ; elle a été retrouvée à Dusseldorf en 1922, replacée sur son socle en 1926 et à nouveau enlevée en 1940. L'ébauche originale en plâtre était restée intacte dans les usines Clément-Bayard à Mézières.

En 1894-96, la surintendante de la Maison des filles de la légion d'honneur de St-Denis a fait faire par le même Croisy une réplique en bronze de celle de Mézières. C'est un ami de Bayard, André Baroz, qui, en 2003, l'a fait connaître à l'association Bayard.

En 2005, à la diligence de la municipalité de Charleville-Mézières, a été fondu un troisième exemplaire de la statue de Croisy à partir de celle de St-Denis. Cette statue à été érigée à Mézières, dans le parc Mialaret, à place de celle de 1893 (photo ci-contre).



On connaît de nombreux tableaux ou dessins représentant Bayard, généralement réalisés soit au 18e siècle pour compléter une galerie d'hommes célèbres dans une demeure aristocratique, soit au 19e siècle pour illustrer l'un des multiples livres parus alors sur le héros. Ils ne se réfèrent pas tous au portrait d'Uriage, sans doute alors oublié. Bayard y est parfois représenté avec une barbe, par exemple dans le portrait de Thévet – ci-dessous – dont Expilly dit : je suis marri que Thévet ait mis son portrait de si mauvaise grâce au livre qu'il a fait des hommes illustres, il ne lui ressemble nullement.

Citons, parmi eux :

     
Portrait au château de Beauregard
(près de Blois) parmi 327
figures historiques.
 
Portrait dit de La Mure,
commandé par Pierre
du Port de Pontcharra2
Portrait par Thévet, 1584,
Musée dauphinois.
Bien que fantaisiste, il a
inspiré de nombreux dessins.
 

     
Buste, par Aimé Irvoy,
façade de la préfecture de l'Isère
(fin du 19e s.)
Bayard à Ste-Anne-d'Auray (fin 19e)3
Crayon signé JDMo
(18 ou 19e s.)


 
Le 20e siècle voit également fleurir des œuvres d'art relatives à Bayard.

     
Statue de 1911 à Pontcharra
Statue de 1993 à Pontcharra
Statue au musée Bayard.

A Pontcharra, il y avait probablement déjà au début du 19e siècle une statue de Bayard auprès du pont du Bréda (voir page Pontcharra). En 1911, est érigée à sa place la statue ci-dessus : sur une forme ciselée dans le plâtre par Pierre Rambaud (originaire d'Allevard et décédé en 1893), le sculpteur Auguste Davin avait obtenu [sans doute par galvanoplastie] la statue définitive, probablement en cuivre.
Cette statue a été volée en 1992. Grâce à une souscription publique – tout comme pour la précédente – et à la participation de la municipalité, une nouvelle statue, dans le goût du temps (photo centrale) a remplacé la précédente à partir de 1993.
Pierre Rambaud avait également sculpté un Page Bayard conservé au musée Bayard (photo de droite).

[informations tirées d'un article d'André Baroz paru dans les actes des Rencontres Bayard à Rovasenda en 1999, p. 8-12]


 

Une fresque moderne du chevalier a été peinte par Arcabas
dans le réfectoire du lycée du Grésivaudan à Meylan (Isère).

 


  Notes
On trouvera une analyse détaillée, Bayard et ses portraits, écrite par André Baccard, dans Histoires croisées...


1. Cette description figure dans le 9e tome du livre Delphinatis de Allobrogibus d'Aymar du Rivail – tome écrit en latin – juste à la suite du récit de l'adoubement. Traduction proposée sous toutes réserves : Bayard était de grande taille, de face pâle et allongée, avec un nez bas, [d'aspect] accueillant, humain, noble et calme.    Retour 

2. Il s'agit du propriétaire d'une demeure située à 3 km au nord de la Mure.    Retour 

3. Statue sur le socle d'un monument dédié au comte de Chambord, prétendant au trône de France en 1871 ; photo René & Peter van der Krogt (avec nos remerciements).    Retour 

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